Bienvenue dans la vingt-neuvième édition de la newsletter de la communauté des Bélarusses à Paris.
Dans cette édition:
Les procès-spectacles se poursuivent contre des prisonniers politiques au Bélarus, dont l'ancien candidat à la présidence Viktar Babaryka ;
Loukachenko doit rencontrer Poutine lundi et lui demander un autre crédit ;
Un écrivain bélarusse accuse la Croix-Rouge de ne pas avoir réagi adéquatement à la catastrophe humanitaire au Bélarus.
La semaine dernière a été marquée par une série de procès-spectacles contre des prisonniers politiques au Bélarus (dont le nombre total a atteint 251), ainsi que par de nouvelles répressions contre des avocats et des défenseurs des droits humains.
Ces mesures visent à décourager les gens de poursuivre la protestation, et à aider Alexandre Loukachenko à reprendre le contrôle du pays.
Commençons par les procès :
Katsiaryna Bakhvalava (Andreyeva) et Darya Chultsova, journalistes de la chaîne de télévision Belsat, ont été condamnées à deux ans de prison. Elles auraient perturbé le fonctionnement des transports publics, alors qu'elles couvraient une manifestation organisée à Minsk après la mort de Raman Bandarenka.
Plusieurs autres prisonniers politiques ont également été condamnés cette semaine; et de nombreux autres procès commencent actuellement à Minsk et dans d'autres villes du Belarus.
Un procès-spectacle d'un autre journaliste a également commencé. Katsiaryna Barysevich, du portail d'information indépendant Tut.by, est en détention depuis novembre, suite à la publication d'un article dans lequel elle cite des documents médicaux indiquant que Raman Bandarenka est mort de blessures graves et n'était pas ivre - contrairement à ce que prétendent les autorités. Le médecin cité dans son article, Artsyom Sarokin, a été jugé en même temps que Barysevich. Ils risquent jusqu'à trois ans de prison s'ils sont reconnus coupables d'avoir révélé des données personnelles. Amnesty International a déclaré Barysevitch et Sarokine prisonniers de conscience.
Un procès très médiatisé de l'ex-candidat à la présidence Viktar Babaryka a finalement commencé. Après avoir annoncé son intention de se présenter aux élections présidentielles, Babaryka, ancien cadre supérieur de la Belgazprombank, filiale bélarusse d'une banque russe, a été arrêté en juin. Il est accusé de blanchiment de fonds obtenus par des moyens criminels et d'avoir accepté un pot-de-vin particulièrement important. L'affaire est entendue par les juges de la Cour Suprême bélarusse, qui pourraient lui refuser toute possibilité d'appel en cas de verdict de culpabilité. Comme nous l'avons signalé la semaine dernière, Babaryka aurait les meilleures chances de remporter l'élection présidentielle, si celle-ci avait lieu aujourd'hui au Belarus. Des diplomates britanniques, européens (y compris français) et américains ont assisté à ce procès.
En même temps :
Quatre avocats bélarusses ont été privés de leur licence pour des raisons politiques. L'une d'entre elles, Lioudmila Kazak, a, dernièrement, été l'avocate de Maria Kalesnikava : l'une des leaders de l'opposition, en prison depuis septembre 2020.
En un seul jour, environ 90 perquisitions de journalistes et de militants des droits humains ont été effectuées par la police dans tout le pays. Le centre des droits humains Viasna, le syndicat indépendant des travailleurs de la radio et de l'industrie électronique, l'Association bélarusse des journalistes, ainsi que des militants et activistes ont été persécutés.
Alexandre Loukachenko semble compter sur un nouveau prêt de la Russie, en plus des 1,5 milliard de dollars alloués par Moscou en août.
Lundi prochain (22 février), Loukachenko doit s'envoler pour Sotchi pour des entretiens avec le président russe Vladimir Poutine, où l'accord sur un nouveau prêt russe pourrait être finalisé. Selon les médias, Moscou est prête à fournir 3 à 3,5 milliards de dollars. En retour, la Russie attend de Loukachenko qu'il mène à bien la réforme constitutionnelle qu'il a promise au début de l'automne, et que Minsk accepte l'élargissement de l'intégration entre la Russie et le Belarus. Loukachenko nie que le prêt devrait être discuté lors de la réunion.
L'argent frais l'aiderait à garantir la loyauté du régime, en particulier des forces de sécurité et du pouvoir judiciaire qui jouent un rôle crucial dans la répression des manifestations.
Autres nouvelles :
L'écrivain bélarusse Sasha Filipenko a lancé un appel au président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Peter Maurer, pour demander d'aider à mettre fin à la torture au Bélarus. Il a également critiqué la Croix-Rouge pour avoir non seulement échoué à remédier à la crise humanitaire au Bélarus, mais aussi pour avoir, à certains égards, collaboré avec le régime de Loukachenko (de la même manière que cela s'est produit, dans le passé, avec certains régimes fascistes). Voici la version complète en français.
Le Haut Commissaire des Nations Unies aux Droits Humains a soumis un rapport à la quarante-sixième session du Conseil des Droits Humains des Nations Unies, couvrant la situation au Bélarus. Le rapport examine les événements survenus pendant la campagne électorale et la situation qui s'est déroulée autour et après l'élection présidentielle du 9 août 2020. Selon le rapport, les informations recueillies par le Haut Commissariat Des Droits Humains révèlent de graves violations des droits humains au cours de la période mentionnée.
Mais cette fois, commençons par des nouvelles de notre diaspora bélarusse à Paris.
Nous sommes en train de collecter de l'aide humanitaire pour 42 réfugiés bélarusses en Lettonie.
Ce dimanche, nous emballons l’aide collectée par la diaspora à Paris : ordinateurs, vêtements, literie, soutien financier. Nos diasporas à Lyon et Annecy ont déjà envoyé leur aide.
Vous pouvez toujours apporter un soutien financier à notre aide aux réfugiés bélarusses par le biais de Helloasso (lien sur notre site web).
Et voici le résumé de notre aide aux réfugiés au cours des derniers mois :
Cette newsletter a été réalisée par Alisa Syrakvash et Lena Zerka. Le design graphique est l’œuvre de Fiodar Kuleunich. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez contribuer ou soutenir notre association !